L'assurance vie: pourquoi et combien?

On espère tous vivre encore longtemps, mais on ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Comme le disait Benjamin Franklin : « en ce monde rien n’est certain… à part la mort et les impôts ». Advenant votre décès, il est important de s’assurer que vos proches n’auront pas de problèmes financiers en lien avec la perte de votre revenu. Qui payera vos dettes,vos frais funéraires et les impôts successifs à votre décès? Votre conjoint(e)sera-t-il(elle) en mesure de maintenir son niveau de vie et subvenir aux besoins des enfants?

Une assurance vie remet une somme d'argent lorsque la personne assurée décède. Cet argent va aux personnes désignées comme bénéficiaires. L'argent remis à la suite du décès peut notamment permettre de maintenir le train de vie des proches et d’acquitter les charges financières successives à votre décès.

Selon vous, quel montant représente une couverture adéquate? Il existe certaines formules générales (ex. : multiple du revenu annuel) qui malgré leur simplicité, manquent trop souvent de précision. Pour avoir une réponse précise, une analyse personnalisée est nécessaire.

Pour quantifier votre besoin d'assurance vie, éviter les formules "clé en main". Une analyse personnalisée s'impose.

Première étape: quantifier votre coût de vie annuel familial

Il est possible d’établir votre coût de vie annuel familial en établissant un budget annuel couvrant tous les postes de dépenses. Lorsque réaliser avec minutie, cette méthode a l’avantage d’être précise et détaillée. Cependant, elle peut être fastidieuse et certaines personnes ont tendance à sous-estimer certains postes de dépenses.

La méthode du revenu disponible est plus simple. Il s’agit de prendre le revenu net du couple (après impôts et charges sociales) moins l’épargne. Il faut également vérifier la variation des liquidités du couple et de l’endettement au courant de l’année.

Coût de vie annuel familial: Revenu du couple - Impôts et charges sociales - Épargne +/- variation des liquidités/endettement

Deuxième étape: évaluer la capacité du conjoint survivant à assumer seul le coût de vie annuel familial

Il faut ensuite se demander si le conjoint survivant pourra supporter seul le coût de vie annuel familial. Certaines modifications au coût de vie établi lors de la première étape doivent alors être apportées, car des dépenses peuvent disparaître lors du décès d’un conjoint, notamment les dépenses personnes du défunt (habillement, nourriture, soins personnels, etc.) et le paiement sur les emprunts qui seront remboursés au décès (par exemple, les paiements hypothécaires si l'hypothèque est couverte par une assurance vie).

Le revenu du conjoint survivant doit aussi être ajusté pour tenir compte des revenus qui s’ajouteront après le décès (ex. : la rente du survivant RRQ et, si le couple a des enfants, la rente d’orphelin du RRQ). Il est possible ensuite de constater s’il existe un manque à gagner entre le revenu du conjoint survivant et le coût de vie familial.

Même sans manque à gagner, il peut exister un besoin d’assurance vie. Prenons l’exemple d’un couple où la conjointe travaille et subvient entièrement aux besoins financiers de sa famille. Le conjoint demeure à la maison pour s’occuper des enfants. Il est possible qu’advenant le décès du conjoint, la conjointe soit mathématiquement en mesure de subvenir au cout de vie annuel familial. Mais pourra-t-elle continuer de travailler autant si elle doit s’occuper des enfants? Sinon, son revenu diminuera-t-il? Devra-t-elle engager quelqu’un pour s’occuper des enfants et de la maisonnée? Ces variables devront être évaluées avant de conclure à l'absence d'un besoin d’assurance vie.

Il est important de tenir compte des dépenses qui disparaîtront avec le décès, et des revenus qui s'ajouteront

Troisième étape : combien de temps le manque à gagner devra-t-il être comblé?

Il se peut que ce soit jusqu’à l’autonomie complète des enfants (qui ne concorde pas nécessairement avec l’âge de la majorité). Mais il se peut que le besoin perdure plus longtemps. En effet, advenant le décès du conjoint qui subvient financièrement au besoin de la famille, est-ce que le conjoint survivant sera en mesure d’économiser pour sa propre retraite? Si la réponse est négative, il faut prévoir un montant et une durée d’assurance vie qui permettra au conjoint survivant d’avoir une retraite confortable.

Quatrième étape : quel rendement utilisé pour le produit de l’assurance vie?

Une utilisation judicieuse du produit d’assurance vie requiert de le positionner dans des produits financiers qui donneront un rendement à travers le temps. Cela diminue le besoin en assurance vie, car les rendements accumulés serviront également à combler le manque à gagner. Le rendement estimé doit être réaliste. Comme le produit d’assurance vie sera décaissé graduellement au fil des années, le rendement estimé doit être celui d’un portefeuille conservateur, comme le serait un portefeuille de retraite. De plus, le rendement doit être ajusté en tenant compte de l'inflation (des retraits de plus en plus importants devront être fait, au fil des années, pour maintenir le pouvoir d'achat) et l'impôt sur les rendements.

Une fois toutes ses variables établies, il est possible d’évaluer le besoin d’assurance vie.

Le rendement utilisé doit être conservateur et tenir compte de l'inflation et de l'impôt sur les rendements

Dernière étape : soustraire les liquidités successorales du défunt

Le besoin d’assurance vie peut être diminué (ou augmenté) selon l’état des liquidités successorales du défunt. Il s’agit ici d’évaluer les liquidités qui seront disponibles pour le conjoint survivant suite au traitement de la succession. Nous tenons compte de plusieurs variables, dont :

  • Les biens liquides du défunt (ex.: compte bancaire, placements facilement encaissables, CELI, etc.);
  • Des assurances vie en vigueur, individuelle ou collective;
  • Des biens dont la vente est prévue au décès;
  • Des dettes à rembourser au décès;
  • Les impôts et les dépenses consécutives au décès.

Il faut aussi tenir compte des délais de traitement d’une succession. Plusieurs mois (voir années) peuvent s’écouler avant qu’une succession soit réglée. Le conjoint survivant pourrait attendre longtemps avant d’avoir sa part de l’héritage. En le désignant bénéficiaire de votre assurance vie, celle-ci ne transite pas par la succession et est payée rapidement.

Nommer votre conjoint comme bénéficiaire de votre assurance vie lui permet de recevoir des liquidités rapidement sans attendre le traitement de votre succession

Conclusion

L'assurance vie est essentielle lorsque vos revenus servent à subvenir aux besoins d'autres personnes. L’analyse de vos besoins en matière d’assurance vie doit tenir compte de nombreuses variables et être adaptée à votre situation. Consultez un conseiller en sécurité financière qui pourra vous aider à y voir clair et à choisir le produit d’assurance vie qui vous convient.

PAR JÉRÉMIE LEMIEUX
CONSEILLER EN SÉCURITÉ FINANCIÈRE INSCRIT AUPRÈS DE GESTION DE PATRIMOINE LEMIEUX INC.

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