Lorsque vient le temps d’épargner notre argent durement gagné, une question nous vient fréquemment à l’esprit : devrais-je épargner cet argent dans mon CELI ou dans mon REER? Ces deux véhicules d’épargne présentent en effet des différences notables.

Le premier est apprécié pour sa flexibilité, et le deuxième tient son attrait dans la possibilité de déduire la cotisation effectuée pour obtenir un remboursement d’impôt. Lequel choisir lorsque vient le temps d’épargner? Bien que chaque cas devrait faire l’objet d’une analyse personnalisée, la principale question est de savoir si le retour d’impôt du REER lors de la cotisation sera inférieur,égal ou supérieur à l’impôt qui sera payable lors du retrait.

Lorsque le retour d’impôt du REER est inférieur à l’impôt payable lors du retrait

Jean (22 ans) a commencé l'année dernière des études à l’université pour devenir ingénieur. Ses parents ont eu la brillante idée de cotiser à un Régime enregistré d’épargne-étude (REEE) au courant de sa jeunesse, ce qui fait en sorte qu’ils assument tous les frais scolaires pour qu’il puisse se consacrer entièrement à ses études sans devoir occuper un emploi à temps partiel.

Au courant de l’été, Jean occupe un emploi étudiant à temps plein qui lui a permis d'épargner 1 000 $. Comme il n’aura pas besoin de ce montant prochainement, il aimerait le mettre de côté dans un placement offrant un potentiel de rendement annuel de 5%. Devrait-il choisir le CELI, ou encore cotiser à un REER et investir le retour d’impôt dans un CELI ?

Jean a peu de revenu au courant de ses études, et le retour d’impôt qu’il aura (25%) sera inférieur à l’impôt payable lors du retrait des sommes (30%). À ce moment, devrait-il choisir le CELI ou le REER ? Faisons le calcul en supposant que les sommes seront retirés dans cinq ans :

Cotisation au CELI: 1 000 $ avec un rendement annuel de 5 %, ce qui donne à l'échéance une somme de 1 276 $ non imposable;

Cotisation au REER: La cotisation de 1 000 $ au REER donne un retour d'impôt de 250 $ que Jean positionne dans un CELI. Après cinq ans, le REER vaut également 1 276 $, mais Jean doit payer un impôt de 30 %, ce qui lui donne une somme nette de 893 $. Pour le CELI, le 250 $ vaut maintenant 319 $. En tout, Jean a 1 212 $.

L'avantage revient donc au CELI. De plus, la flexibilité du CELI permettra à Jean de couvrir d'éventuels dépenses à court terme (fonds de secours, véhicule, mariage, etc.). Les retraits du CELI lui redonnera de la marge pour des économies futures, contrairement aux retraits d'un REER.

Lorsque le retour d’impôt du REER est supérieur à l’impôt payable lors du retrait

Florence (45 ans) occupe un poste de cadre dans une société privée. Son salaire annuel est dans les six chiffres, et elle a obtenu vers la période des fêtes un boni de 5 000 $ vu les bonnes performances de sa compagnie. Ses cadeaux de Noël étant déjà achetés, Florence n’aura pas besoin de cette somme et aimerait l’investir pour le long terme.

Son conjoint Patrick s’est principalement occupé des enfants au fil des dernières années. Le couple devrait se fier majoritairement aux épargnes de Florence au moment de leur retraite. Comme il sera possible à ce moment d’utiliser le fractionnement du revenu avec Patrick, Florence prévoit que son taux d’imposition au moment du retrait des sommes (35%) sera moindre que le retour d’impôt qu’elle aura cette année en cotisant à un REER (40%). Faisons le calcul comparatif en utilisant le même type de placement que Jean:

Cotisation au CELI : 5 000 $ avec un rendement annuel de 5% sur cinq ans = 6 381 $ non imposable;

Cotisation au REER: La cotisation de 5 000 $ au REER donne un retour d'impôt de 2 000 $ que Florence positionne dans un CELI. Après cinq ans, le REER vaut également 6 381 $, mais Florence doit payer un impôt de 35 %, ce qui lui donne une somme nette de 4 148 $. Le CELI vaut maintenant 2 553 $. En tout, Florence a 6 701 $.

La cotisation au REER sera visiblement la solution la plus avantageuse pour Florence.

Lorsque le retour d’impôt du REER est identique à l’impôt payable lors du retrait

Sylvie (55 ans,célibataire) est fonctionnaire dans le réseau de la santé. Le régime de retraite de son employeur lui garantit 70 % de son revenu des cinq dernières années de travail tout au long de sa retraite. Sylvie est à l’échelon maximal pour son titre d’emploi, et elle ne prévoit pas d’augmentation significative de son salaire d’ici sa retraite.

Son père est décédé récemment. Ce dernier avait peu d’économie, mais a pu léguer à chacun de ses enfants un montant de 10 000 $ en héritage. Pour Sylvie, cette somme a une signification particulière et elle veut l’utiliser a bon escient. La situation actuelle de Sylvie fait en sorte que le retour d’impôt du REER serait le même que l’impôt payable lors de son retrait (30 % dans les deux cas). Avec le même type de placement sur une période de cinq ans, nous avons le résultat suivant :

Cotisation au CELI: 10 000 $ avec un rendement annuel de 5% sur cinq ans = 12 763 $ non imposable;

Cotisation au REER: La cotisation de 10 000 $ au REER donne un retour d'impôt de 3 000 $ que Sylvie positionne dans un CELI. Après cinq ans, le REER vaut également 12 763 $, mais Sylvie doit payer un impôt de 30 %, ce qui lui donne une somme nette de 8 934 $. Le CELI vaut maintenant 3 829 $. En tout, Sylvie a 12 763 $.

Nous avons donc un match nul! Cependant, d'autres facteurs pourront guider Sylvie dans sa décision d'utiliser le CELI ou le REER:

  • Aspects successoraux: Dans le cas de Sylvie, il serait impossible de«rouler» son REER à un conjoint fiscal, car elle est célibataire. La succession devrait donc s’imposer sur le REER, ce qui diminuerait la valeur de l’héritage;
  • Régime d'accession à la propriété (RAP): Le RAP permet aux premiers acheteurs d'une propriété qui deviendra leur lieu principal d'habitation de retirer jusqu'à 35 000 $ de leur REER sans imposition immédiate. Le REER devient donc un outil intéressant pour ces premiers acheteurs qui désirent accumuler une mise de fonds suffisante. Cet outil permet de diminuer le coût relié aux versements hypothécaires, et parfois même d'éviter l'assurance-prêt hypothécaire de la SCHL pour les mises de fonds qui représentent moins de 20 % de la valeur de la propriété;
  • Planification de retraite: À l'approche de la retraite, plusieurs facteurs doivent être considérés, notamment le partage potentiel des revenus de pension admissibles avec un conjoint fiscal, le taux de récupération des programmes sociaux comme la Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV) et le supplément de revenu garanti (SRG);
  • Parents avec de jeunes enfants: L’admissibilité à plusieurs crédits d’impôt et prestations sociales qui dépendent du revenu net personnel ou familial pourrait favoriser le REER (qui permet une déduction sur le revenu net). Le retour d’impôt donne aussi des liquidités supplémentaires aux parents qui pourront cotiser, par exemple, à un Régime enregistré d’épargne-étude (REEE) ou réduire l'endettement du ménage.

Vous l’aurez deviné, chaque cas est unique et l’équilibre est la clé dans ce genre de décision. Bien d’autres facteurs peuvent également être considérés au moment de prendre la décision. Consulter votre conseiller financier pour choisir la solution qui s’accorde avec votre situation.

PAR JÉRÉMIE LEMIEUX
CONSEILLER EN SÉCURITÉ FINANCIÈRE INSCRIT AUPRÈS DE GESTION DE PATRIMOINE LEMIEUX INC.