Bien qu’il existe depuis 1957, et qu’il constitue depuis l’un des véhicules d’épargne-retraite préférés des épargnants, près du tiers (32%) des Québécois admettent ne pas savoir ce qui différencie le Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) du Compte épargne libre d’impôt (CELI)[1].Notre premier article visera donc à démystifier le REER en faisant un survol de ses principales règles.


Il est important de comprendre que ni le REER ni le CELI ne sont des produits financiers. Ce sont des véhicules fiscaux dans lesquels vous pouvez détenir des produits financiers (actions, dépôt à terme, fonds commun de placement, etc.), et qui comportent chacun leurs caractéristiques propres. Le principal atout du REER est que la cotisation est soustraite du revenu imposable du contribuable dans sa déclaration de revenus. Ce dernier reçoit alors un remboursement d’impôt.


Prenons le cas de Martine, une salariée qui gagne annuellement un revenu d’emploi de 55 000 $. Son employeur s’occupe de prélever l’impôt dû sur chacune de ses payes. Si Martine décide de cotiser un montant de 5 000 $ à un REER, ce montant sera déduit de son revenu imposable. Elle aura donc droit à un remboursement d’impôt sur ce montant de 5 000 $. Vu le taux d’imposition marginal de Martine (37,12 %), son remboursement sera d’environ 1 856 $.


Il est possible de cotiser à un REER dès qu’un revenu admissible (notamment un revenu d'emploi, d'entreprise ou de location d'un bien immobilier) est déclaré. Le plafond annuel de cotisation est le moindre de 18 % du revenu admissible déclaré au courant de l’année, et le plafond annuel (26 500 $ en 2019). Le solde inutilisé peut être reporté aux années suivantes. Attention cependant aux salariés qui bénéficient d’un régime de retraite chez leur employeur : vos droits de cotisation seront diminués par un facteur d’équivalence.


Avec son salaire de 55 000 $, le maximum annuel de Martine sera de 9 000 $ (18 % de son revenu, ce qui est moindre que le plafond annuel). Si elle décide de cotiser 5 000 $, le 4 000 $ inutilisé sera reporté à l’année suivante.


Vous pouvez cotiser à un REER en tout temps au courant de l’année. Pour l’année 2019 cependant, la date limite de cotisation est le 2 mars 2020 (soit après les 60 premiers jours de l’année suivante). Après cette date, vos cotisations à un REER seront déduites de votre revenu imposable de 2020. De même, vous ne pourrez plus cotiser à un REER après le 31 décembre de l’année où vous atteignez 71 ans.


Tant que l’argent demeure dans le REER, le rendement que fera celui-ci sera libre d’impôt. C’est lorsqu’il y a un retrait du REER que celui-ci s’ajoute au revenu imposable du particulier[2].


Si le REER de Martine vaut maintenant 5 250 $, elle ne sera pas imposée sur le gain de 250 $ si celui-ci demeure dans le REER. Par contre, si elle décide de retirer la totalité de ses REER pour financer un voyage en Europe, le 5 250 $ s’ajoutera à son revenu imposable, et Martine devra payer de l’impôt sur ce montant.


Le REER est avantageux si le taux d’imposition au moment de la cotisation est supérieur au taux d’imposition lors du retrait. Mais il peut être utile de cotiser en bas âge, notamment pour laisser l’intérêt composé faire son œuvre, ou pour accumuler rapidement un capital pour l’achat d’une première maison dans le cadre du régime d’accession à la propriété (RAP). Une stratégie fréquemment utilisée est de contribuer au REER et de diriger le remboursement d’impôt vers le CELI pour plus de flexibilité au niveau des retraits.


Autrement dit, le REER comporte de nombreux avantages fiscaux qui diffèrent du CELI. Pour savoir quel véhicule d’épargne correspond le mieux à votre situation, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec votre conseiller financier qui saura vous guider dans vos choix. À chaque situation son outil!

LE REER EN BREF

  • Lors d'une cotisation: Diminution du revenu imposable et remboursement d'impôt sur le montant de la cotisation. Noter qu'il est possible de reporter une déduction à une année ultérieure. Cette stratégie peut être intéressante si vous prévoyez une augmentation de votre taux d'imposition lors des prochaines années;
  • Lors d'un retrait: Augmentation du revenu imposable et imposition sur le montant du retrait, sauf dans le cadre d'un RAP ou d'un REEP;
  • La cotisation annuelle maximale est le moindre de 18% de vos revenus admissibles de la dernière année OU du plafond annuel. Les cotisations à un régime de retraite offert par l'employeur devront être soustraites de ce montant;
  • La cotisation maximale cumulative représente votre cotisation annuelle maximale + vos droits de cotisation inutilisées des années précédentes;
  • La date limite de cotisation pour une année fiscale donnée est les 60 premiers jours de l'année suivante;
  • Vous pouvez cotiser à votre REER jusqu'au 31 décembre de l'année de vos 71 ans;
  • Vous pouvez détenir de nombreux produits financiers dans vos REER, notamment des actions, dépôt à terme, obligations, fonds commun de placement, etc.

Par Jérémie Lemieux
Conseiller en sécurité financière Inscrit auprès de Gestion de Patrimoine Lemieux Inc.


[1] https://www.newswire.ca/fr/news-releases/un-sondage-de-la-td-revele-que-si-la-moitie-des-quebecois-connaissent-le-role-essentiel-que-jouent-les-reer-et-les-celi-dans-leur-strategie-d-epargne-les-deux-tiers-d-entre-eux-ne-parviennent-pas-a-distinguer-ce-qui-les-differencie-l-un-de--850771700.html
[2] Deux exceptions à ce principe : un retrait dans le cadre d’un régime d’accession à la propriété(RAP) ou d’un régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP)